Je ressors d'un service dans un centre de méditation Vipassana, dans lequel j'ai passé 10 jours à cuisiner et méditer.
Vipassana une pratique proche du bouddhisme (puisqu'elle vient d'un bouddha) mais qui est laïque. Elle se compose à la fois de la pratique de méditation, ainsi que d'aspects plus théoriques notamment sur une manière de vivre.
Ce service ainsi que les nombreux livres sur cette pratique que j'ai pu lire lors de mes pauses, m'ont énormément inspirée sur la parentalité !
Voici quelques partages sur mes inspirations :
Déjà, le service désintéressé
Durant ce cours de méditation, j'ai donnée de mon temps pour servir les méditant-es étudiant-es. J'ai contribué à cuisiner pour leurs repas, ainsi qu'à prendre soin du cadre de leur cours, sans recevoir ni argent, ni reconnaissance, ni privilège. C'est le principe du service désintéressé.
J'ai fait ça pendant 10 jours, mais qu'en est-il de la parentalité ? Y-a-t'il un service plus désintéressé que celui d'être parent ? Aucun argent en retour, pas toujours très confortable, très rarement de la reconnaissance, et tout cela pour un service 24h/24, 7 jours sur 7 , pour au moins quinze ou vingt ans, comprenant courses, cuisine, lessives, ménage, taxi, et dons d'argent pour les vêtements, les apprentissages et les loisirs. A cela s'ajoute souvent un bonus droit de visite jusqu'à la fin de la vie (avec des permanences quand viennent le tour des petits enfants).
C'est un véritable don de soi que vous offrez à ces petits êtres qui grandissent près de vous. Et c'est vraiment merveilleux !
Ce qui peut être un chalenge à cet endroit c'est de garder le cap du désintéressement et de l'humilité :
La question qui peut se poser c'est : êtes vous vraiment sans attentes de reconnaissance de la part de vos enfants, ou de leur amour, lorsque vous leur donnez tout ce que vous avez ?
Souvent l'on peut entendre (ou penser!) " Qu'est-ce qu'ils ou elles sont ingrat-es, après tout ce qu'on a fait pour elles et eux ".
L'amour inconditionnel dans la relation parent enfant n'est pas une obligation à double sens, si vous avez la responsabilité d'aimer vos enfants, eux ne l'ont pas...
Ils ont donc tout à fait le droit de vivre leur vie sans dire ou même penser un simple "merci", sans assurer les vieux jours de leurs parents, et sans être obliger de les aimer. Aucune privilège n'est à accordé aux parents de la part des enfants. La seule raison pour laquelle les enfants ont de bonnes raisons d'obéir à leurs parents c'est alors que c'est un peu leur seul option de survie.
L'enseignement de Vipassana fait ainsi la différence entre la responsabilité et l'autorité :
La responsabilité c'est que vous avez un impact certain sur vos enfants, ils ont besoins de vous, et vous vous devez d'avoir un impact le plus positif possible : vous êtes à leur service, et pour cela vous êtes responsables de les servir du mieux que vous pouvez
L'autorité c'est le pouvoir par attrait pour le pouvoir, ou pour seulement votre propre bien : c'est déconnecté du service et donc du rôle d'accompagnement qu'à le parent.
Vos enfants ont à vous "obéir" pour leur survie, parce qu'ils sont sous votre responsabilité, et non pas pour votre pouvoir ou votre plaisir.
" Si je perds de vue que je suis là pour servir alors ce n'est pas un service. " est une phrase tiret du livre "Pour le bien du plus grand nombre" sur l'enseignement de Vipassana, qui rappelle bien de se reconnecter à l'intention du service.
Petite question-exercice :
Est-ce que vous avez des attentes vis à vis de vos enfants ? Quelles sont-elles ?
Partagez-les en commentaire :)
Les limites du service
Déjà, clarifions ce qu'est le service, qui pour moi a deux aspects :
Le service disons matériel : nourrir, loger, assurer l'entretien.
Le service pour le bien-être, l'épanouissement, le développement
Pour ce dernier, dans un centre Vipassana, il s'agit de contribuer à une atmosphère calme et paisible. La méditation ayant pour objectif d'être plus paisible et heureux, cet atmosphère les soutient pour progresser dans la réalisation de cet objectif.
Pour des parents, soutenir les enfants à être heureux, me semble aussi l'objectif principale de ce deuxième aspect de service (vous me direz si je me trompe :) ).
Servant-es et parents ont aussi, dans ces des cadres bien différents, les deux même intentions de service.
Selon l'état mental et émotionnel de la personne en service, parfois les actes, même matériels, desservent plus qu'ils ne servent.
Ainsi, si lorsqu'on est en service on est plein de colère, alors cela va les impacter.
Par exemple, lors de mon service à Vipassana, si je suis pleine de colère je vais, et sûrement sans m'en rendre compte, amener les plats pour leur repas avec des gestes brusques, rapides et le visage renfrogné. Mon agitation, lié peut-être à une tension avec un autre servant ou une rumination intérieure, va mettre de l'agitation dans l'atmosphère du centre.
Je leur amène à manger certes, je remplis un aspect de mon service, mais pour le deuxième aspect, je fais le contraire de servir, je nuis à ce pourquoi ils sont venu-es dans ce centre.
Consciemment ou inconsciemment, les méditant-es risquent d'être plus agité-es et vont méditer plus difficilement (c'est déjà pas facile de méditer, l'agitation rajoute une belle couche!).
Cela fonctionne de la même manière dans le quotidien, notamment des familles. Par exemple, un parent très énervé par sa journée de travail, qu'il en est conscience ou non, lorsqu'il va récupérer ses enfants à la crèche ou à l'école il va être dans ses ruminations, puis il va cuisiner pour ses enfants avec des gestes brusques, puis il leur lira une histoire et les couchera avec impatience. Les enfants auront manger leur repas certes, mais en même temps ils auront mangé de la colère de leur parent. La colère du parent n'aura pas diminué, et l'agitation (intérieur ou extérieur) des enfants aura sûrement augmenté. Il y a de grandes chances pour qu'ils et elles soient aussi plus agité-es, impatient-es, demandeur-ses etc.
Ce parent aura donc assurer sa première fonction de contribuer aux conditions de vie matériels de son enfant. Seulement, il aura desservit l'atmosphère de tranquillité bénéfique pour le bien-être et l'épanouissement des enfants.
Cela fonctionne de la même manière avec de la tristesse, de la fatigue et autres ressentiments.
L'idée bien sûr n'est pas de refouler, nier toutes ses propres émotions, et seulement faire bonne figure devant les enfants. Cela marche d'ailleurs rarement, ou pas très longtemps.
S'aider soi-même d'abord
Comme les consignes de sécurité dans l'avion qui incitent les parents à mettre d'abord leur masque d'oxygène avant de mettre les leurs aux enfants, pour le quotidien il en est de même.
Cela paraît évident, mais je le précise : on ne peut pas aider un enfant à être calme, quand nous-même nous ne le sommes pas.
Ainsi, à Vipassana, l'invitation si on a un ressentiment trop fort, est d'arrêter de servir, d'aller méditer ou se reposer.
Pour les parents, il n'est pas toujours facile de se retirer du 'service parental', mais il y a toujours plus de possibilités qu'on ne le croît :).
L'option grapiller un peu de temps : par exemple, le parent pourrait se garder une dizaine de minutes après sa journée de travail avant d'aller récupérer ses enfants, pour se détendre, se reposer ou peut-être même appeler un-e ami-e pour recevoir de l'écoute.
L'option demander du relais : à un-e ami-e ou de la famille pour une heure ou deux, voir toute une soirée !
L'option avec les enfants : Que ce soit un panneau "indisponible" avec un timer, une mini sieste pendant que vous les laisser manger en autonomie, ou prendre votre bébé sur le dos pour vous ressourcer par une ballade, c'est aussi un cadeau pour votre enfant que de vous voir prendre soin de vous. Un parent qui s'aide lui-même devant ses enfants, aide plus ses enfants, qu'un parent démuni qui essaie d'aider ses enfants. L'exemple est un merveilleux apprentissage,
Petite question-exercice :
Quand est-ce que vous dépassez les limites de votre " service parental" ? Quelles sont vos astuces ou pistes pour vous ressourcer ?
Partagez-les en commentaire :)
Voilà un premier bout de mon inspiration entre Vipassana et Parentalité. J'ai une douce hâte de vous en partager plus :)
Je suis aussi curieuse de vos avis, si vous souhaitez les partager :)
Avec joie et douceur,
Sophie
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