Ces messages ont été classées par Taibi Kahler, psychologue américain, qui en a déterminé 5 types. Il les a nommé des drivers : ce sont les messages reçus durant l'enfance de manière répétée, qui influencent les futurs croyances et comportements d’adultes. Ces comportements nous construisent, ce n'est pas forcément négatif, mais c'est très souvent limitant !
Voici ces 5 drivers et des exemples pour illustrer leurs influences :
« Sois parfait » : Jérémy avait 8 ans, un jour il est revenu de l’école avec un 9/10 en mathématique. Ses parents lui ont montrer leur déception, ils attendaient mieux de lui, il aurait dû avoir 10/10, 9 ce n’est pas suffisant. Cette interaction, Jérémy l’a vécu de nombreuses fois dans son enfance. Aujourd’hui, adulte, il est très rigoureux et s’implique beaucoup dans ce qu’il fait, notamment à son travail où il s’accomplit. Seulement, il est perfectionniste et très souvent insatisfait. Sa crainte d’échouer lui a fait perdre de nombreuses occasions d’évoluer, car il remettait de nombreux projets au lendemain.
« Sois fort » : Juliette, quand elle avait 10 ans et qu’elle tombait à vélo, son papa lui disait : « Tu vas quand même pas pleurer pour ça, c’est juste un peu de sang. Sois pas chochotte, t’as pas connu la guerre toi, arrête donc de pleurer ! ». Son père avait très souvent cette attente de courage et d’inhibition des émotions envers Juliette. Aujourd’hui, elle a une grande résistance à la pression, est débrouillarde et a beaucoup d’ambition. Seulement, elle est très souvent tendue, dans le contrôle, à son travail elle prend beaucoup de charges sur elle et ne délègue jamais. Elle est souvent en compétition et a du mal à coopérer avec d’autres. Elle est aussi incapable de ressentir et d’exprimer ses émotions, et évite toute situation émotionnelle.
« Dépêche-toi » : Maéva avait 6 ans, le matin, pendant qu’elle se préparait pour l’école, sa maman lui criait depuis le salon : « Allez, plus vite ! Qu’est-ce que tu es lente ! Ton frère est prêt lui ! Voilà, on est encore en retard pour l’école par ta faute ! ». Cette pression à se dépêcher, Maéva l’a reçu chaque jour. Aujourd’hui, adulte, elle est très réactive lorsqu’on lui demande quelque chose. Seulement, c’est souvent avec beaucoup de précipitation et de mauvaise organisation. Elle fait tout vite, parler, manger, marcher, travailler. Elle est souvent très stressée, a du mal à se poser, et se met beaucoup de pression pour tout.
« Fais plaisir » : Christiane, le jour de ses 9 ans, fêtait son anniversaire avec sa famille. Pendant qu’elle se préparait, sa maman lui a dit : « Fais-moi plaisir, met la robe que j’aime bien aujourd’hui, je serai triste que tu ne la portes pas. Oh et tu sera gentille d’aller chercher le pain. Je mérite bien de l’aide avec tout ce que je fais pour ton anniversaire. ». Christiane dans son enfance, a reçu beaucoup d’attentes de ce type de la part de sa maman. Aujourd’hui, c’est une personne très attentive aux autres, toujours prête à rendre service. Seulement, elle a du mal à dire non et a poser ses limites. Elle a aussi peu confiance en elle et a du mal a prendre des décisions, car elle a toujours peur de décevoir les autres.
Tout ces drivers montrent comme les interactions des parents (et autres proches de l’enfant) avec leur enfant, influencent profondément les traits de personnalité de ce qu’il devient une fois adulte.
Chaque personne peut avoir reçu un ou deux drivers de manière dominante. Il est intéressant de savoir lesquelles influencent nos comportements d'adulte, et sûrement ceux que l'on transmet à notre tour aux enfants.
Mes drivers reçus...
De mon côté, je vous livre que mes drivers dominants sont « fais des efforts » et « fais plaisir ». Ils m'ont apporté des qualités que je trouve positive, mais aussi des limites, dont j'apprends à me détacher !
Avoir reçu le message qu'il est important de faire des efforts, m'a amené à être persévérante et rigoureuse. Je travaille énormément ! J’attache beaucoup d’importance aux détails, mais parfois trop, ce qui peut me faire perdre beaucoup de temps et compliquer mes projets ou mes relations sociales. Je suis sérieuse, et souvent trop encore une fois ! Je peux parfois connaître des difficultés à lâcher prise, me détendre, et m’amuser. Je peux aussi facilement attendre des autres qu’ils donnent autant que moi, ce qui n'est pas souvent le cas (vus que mes attentes envers moi sont très hautes) et cela peut me contrarier !
Le message m'invitant à faire plaisir, m'a donné une grande attention pour les autres et dans mes relations. J'ai beaucoup d'élans de soutien et d’empathie, ce qui sont des compétences importantes pour mon métier (que je n'ai sûrement pas choisi par hasard :) ). Mais je peux parfois avoir des difficultés à dire non, à poser mes limites, ou aussi avoir besoin de validation par les autres. Paradoxalement, j'ai beaucoup d'humilité et je peux aussi être inconfortable avec trop de valorisations.
Connaître mes drivers m'aide à la fois à reconnaître mes compétences et qualités, et ressentir de la gratitude pour ma famille de m'avoir transmis ces valeurs d'efforts et de soin aux autres. Et en même temps, cette conscience là me permet de voir là où je me suis limitée dans ces croyances là, et là où je peux travailler à évoluer.
Par exemple, je me prévois chaque jour au moins un temps juste pour moi et mes loisirs, et je lâche petit à petit quelques attentes trop pointilleuses.
Avec les enfants...
Avec les enfants, je crois que je transmet essentiellement mon driver "fais plaisir". J'ai tendance à faire en sorte qu'ils ne prennent pas trop de place pour les autres, qu'ils ne gênent pas, qu'ils soient eux-mêmes validés par les autres.
Pour contrer ça, j'essaie (du mieux que je peux) de me retenir d'intervenir dans leurs interactions aux autres, de les laisser les expérimenter par eux-même (ce qui rejoint d'autres valeurs pour moi, ça aide !).
De lui-même, mon driver "fais des efforts' influence le modèle que je diffuse. Il n'y a qu'en changeant mes attentes envers moi, que celui-là pourra être moins impactant pour les enfants.
Cela m'apprend et me guide à commencer par m'observer et me transformer moi-même, avant de diriger mon attention vers les enfants (ou même les parents que j'accompagne!). Ça me paraît le plus important, et un modèle soutenant pour la jeune génération.
Et vous ?
Quelles messages principaux avez-vous reçus dans votre enfance ? Comment ils impactent vos croyances et comportements aujourd'hui ?
Quels impacts ont-ils sur les messages que vous transmettez à vos enfants ?
Comment essayez-vous de les déconstruire ?
Envoyez-moi un message pour me le partager :)
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