Osez l'imperfection dans la parentalité
- sophieboissonnet
- 27 avr.
- 5 min de lecture
Dans la parentalité, ce qui est difficile ce n’est pas de bien appliquer telle ou telle théorie, c’est d’être avec ce qu’il se passe à l’intérieur de soi.
Dans ma dernière newsletter, je vous avais recommandé une vidéo de Brené Brown, qui parle de la parentalité imparfaite. Et ces derniers mois j’ai lu l’un de ses livres « Les cadeaux de l’imperfection », dans lequel elle fait plusieurs parallèles entre ses recherches et la parentalité. Ce livre m’a détendue sur un bon nombre de sujets, et m’a aussi mis le nez sur .. la honte de nos imperfections ! J’étais attirée par ce thème de la honte depuis déjà quelques mois, avec un peu de crainte à me plonger dedans, mais je n’ai pas été déçue, notamment en lien avec la parentalité !
Parce que dans la parentalité, les imperfections c’est souvent pas bien vu…
Entre la pression pour appliquer telle ou telle pédagogie parfaitement, pour être suffisamment autoritaire et en même temps « hyper cool » avec les enfants, les comparaisons irrépressibles avec les autres parents et les autres enfants… tout ça, c’est beaucoup de poids pour éviter d’être classé-e ‘mauvais parent’ (par soi-même en premier lieu).
Le problème avec cette pression, c’est que les parents passent plus de temps à essayer d’être perçus comme de ‘bons parents’, à cacher et tenter de gommer tous leurs travers, plutôt que d’être juste eux-même, imparfait-es et vulnérables (comme tout le monde !). Ça prend beaucoup d’énergie et ça coupe finalement du lien avec ses enfants (on ne peut pas essayer d’être quelqu’un-e d’autre et être en lien en même temps). Faire semblant, faire plus que ce que l’on peut ou que l’on veut vraiment au fond, est un des comportements qui mène au burn-out et ça existe de plus en plus dans la parentalité.
Et devinez l’impact pour les enfants… ?
On peut connaître tout un tas de théories, appliquer à la lettre l’une ou l’autre pédagogie, tout ça n’est que peu de choses, n’a qu’un tout petit impact, par rapport à ce qu’on transmet de ce qui se passe à l’intérieur de nous : se juger, se mettre la barre haute, se mettre la pression à être parfait-e, avoir peur d’être jugé-e de trop ou de pas assez, se comparer avec les autres, avoir honte de soi, ne pas dire ce qu’on ressent vraiment, ….
Les parents, vous êtes les modèles les plus impactants pour vos enfants, si vous vous reniez par crainte d’être jugé-e, que vous faites semblant de tout gérer pour cacher votre vulnérabilité, vos enfants vont apprendre à faire de même, à se renier ‘‘pour les autres’’, se forcer à être quelqu’un-e d’autre pour être ‘‘accepté-e’’.
Alors que pourtant, l’acceptation ne vaut rien à l’intérieur de soi si ce n’est qu’une façade qui est vue par les autres. Si vous ne vous acceptez pas tel-le que vous êtes, vos enfants auront des difficultés à s’accepter et à se connaître elles-eux aussi.
Comment faire alors ?
Et si vous osiez parfois lâcher prise sur telle ou telle pédagogie, telle règle à tenir, ou au contraire telle limite que vous n’osez pas poser, pour ressentir ce qui est vraiment juste pour vous ?
Et si vous osiez changer d’avis, remettre en question votre positionnement de la demi-heure d’avant, parce que vous n’êtes pas sûre de vous à ce moment-là ?
Et si vous osiez dire, et d’abord à vous-même, que vous avez peur d’être un-e mauvais parent, que vous faites de votre mieux, que parfois vous n’êtes pas fier-e de vous, que c’est difficile, et pas toujours la grande joie ? Et aussi pour toutes les fois où vous êtes fier-e de vous, où vous avez su être juste pour vous ?
Et si vous osiez être vous-même et imparfait-e devant les autres parents de l’école, devant vos ami-es, votre famille et même votre belle-famille ?
Et si vous osiez dire que vous ne savez pas, que vous n’avez pas la réponse à la question de votre enfant, ou que vous ne savez pas comment répondre à sa demande, que vous avez besoin de temps pour réfléchir ?
Et si vous osiez pleurer devant vos enfants ? Pas pour qu’ils vous consolent non, mais pour qu’ils voient qu’ils ont le droit et auront toujours le droit d’être tristes ou inquiet-es
Et si on osait être imparfait-es ensemble ?
Comme le nom de son livre, l’imperfection est un cadeau, et c’est aussi un cadeau pour les autres. Lorsqu’on s’autorise à être vu dans nos imperfections, les autres peuvent relâcher aussi un peu du poids qu’ils et elles mettent sur leurs épaules, et les enfants en premier-es!
Moi aussi, en tant qu’accompagnante, j’ai pu avoir peur que mon accompagnement n’aide pas, ou pire, qu’il ne plaise pas, et j’ai vu comme ces peurs m’amenaient à changer un peu ma manière d’accompagner ou de soigner mon image pour ‘‘convenir’’. Sauf que l’énergie passée à gérer mon stress et à faire semblant, m’éloigne de ma mission principale et de ce qui m’anime : aider les parents là où ils en sont, et ça je ne peux le faire que depuis là où je suis.
Je vois alors que quand je prends le risque d’être moi-même et que je lâche prise sur la pression que je me met, je suis à chaque fois surprise du résultat : de la confiance s’installe, les parents avancent à grand pas et moi je ressors des séances pleine d’énergie !
Mon conseil : osez être imparfait-es, vulnérables, maladroit-es, compatissant-es avec vous-même, vos enfants apprendront à faire de même à vos côtés et c’est un sacré cadeau pour leur bien-être présent et à venir !
Les théories sont là pour dire "tu peux", et non "tu dois" !
Quand j’écris ces mots, je ne veux pas remettre en question toutes les théories et pédagogies qui existent, j’en affectionne de nombreuses et cela ne change pas mon regard dessus. Mon invitation est plutôt de les voir comme une ouverture des possibles, comme des « tu peux ! » (et pas comme des « tu dois et si tu ne le fais pas c’est vraiment que t’es pas un bon parent ! ». J’entends souvent les parents me dire « ah bon je peux faire comme ça, je n’osais pas, il y en a qui le font vraiment ? C’est vraiment possible ? ».
Nous avons aujourd’hui accès à énormément de connaissances, et ça peut être très déroutant ! Pourtant, même les médecins, pédagogues, psychologues ont remis en question de nombreuses fois leurs consignes aux parents (faire dormir les bébés sur le ventre, non que sur le dos, dormir en co-dodo, non surtout pas, … ; porter son bébé toute la journée, non ça va l’habituer, ah si finalement les porter… ; être autoritaire, ne pas l’être, ou pas trop…). Plutôt que de prendre ça pour l’autorité unique, voyons-les comme des tas d’exemples et de possibilités ! Alors piochez dans la théorie ou la mode qui résonne pour vous aujourd’hui ! Et osez changer d’avis si vous sentez que ce n’est plus juste pour vous ! Je vous trouverai toujours une théorie qui ira dans votre sens, parce qu’il y a toujours une bonne raison pour quelque chose, et quand c’est difficile, il y a toujours une bonne raison aussi, et autant de possibilités pour s’en sortir !
Alors vous savez quoi ? Vous avez le droit de ne pas être parfait-e, de ne pas faire tout comme telle ou telle théorie dit, comme les grands-parents vont le font sentir, comme la crèche ou l’école vous dit, comme les autres parents font… Faites comme vous faites vous!
Je vais sûrement continuer de vous montrer des portes de pédagogies qui me parlent, mais s’il vous plaît, si vous les ouvrez, ne vous mettez pas la pression pour y arriver !
Avec douceur et compassion,
Sophie

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